Un labyrinthe de sorgho pour « reconnecter avec la nature »

En ce matin de novembre 2025, le froid s’est installé à la ferme de la recette bio, au Malesherbois, dans le Loiret. Il est 11 heures. Lisa Walter, 37 ans, gérante d’une ferme éducative depuis 2024, range des fiches pédagogiques à l’intérieur d’un bungalow faisant office de bureau.

Se perdre dans les cultures grâce à un jeu de piste

Sur son exploitation, pour les vacances de la Toussaint, la jeune femme a vu les choses en grand pour faire venir les visiteurs sur ses terres. Au milieu de ses champs, à l’aide d’une motofaucheuse, elle a tracé un labyrinthe au sein d’un demi-hectare de sorgho fourrager, une céréale originaire d’Éthiopie. Bien que moins épais que le maïs, haut de deux mètres, il est facile de se perdre à l’intérieur de cette culture.

À travers un jeu de piste, le temps d’un après-midi, petits et grands ont pu s’amuser dans la parcelle de l’agricultrice. « Avec mon animation, je parle des monstres qu’on a dans les champs, c’est-à-dire les insectes qui ravagent les cultures, présente Lisa Walter. Sous forme d’une enquête, à la manière d’un Cluedo, au fur et à mesure des allées, il y avait plusieurs indices à récolter afin de trouver l’insecte coupable de dégâts sur la parcelle. »

Ancienne animatrice auprès d’enfants, de manière ludique, Lisa Walter a à cœur de partager son quotidien d’agricultrice. Pourtant, rien ne prédestinait l’Alsacienne d’origine à devenir exploitante agricole. Diplômée de musicologie, la trentenaire a commencé sa carrière comme professeure de musique puis responsable d’une maison des jeunes. « J’en étais au stade où j’avais besoin de sortir et renouer contact avec l’extérieur, met en avant l’agricultrice. J’ai décidé de sauter le pas quand mon fils est né. »

Une démarche pédagogique

Aujourd’hui, elle a rejoint son mari Thomas sur l’exploitation familiale de la ferme de la recette bio. Lui gère les grandes cultures et l’élevage et elle se concentre plus particulièrement sur les légumes bio de plein champ et l’aspect pédagogique.

« Dans mon précédent boulot, je me suis rendu compte que même si les jeunes évoluaient dans un milieu rural, ils trouvaient la terre sale et étaient assez éloignés de l’agriculture, raconte Lisa Walter. Grâce à mon activité de ferme éducative, je compte bien les reconnecter avec la nature. »

Les vacances terminées, lorsque les visiteurs ne peuplent plus le labyrinthe de sorgho, au détour d’une allée, il n’est pas rare de tomber nez à nez avec des bêtes pesant près d’une tonne. Au quotidien, Lisa Walter chouchoute une cinquantaine de vaches aubrac.

« Seulement pour les activités pédagogiques, cultiver cette céréale n’est pas rentable »

En effet, derrière la création du labyrinthe réside un enjeu économique pour la ferme de la recette bio. Pour 200 entrées, Lisa Walter et son mari se dégagent seulement 1 000 euros. Alors s’ils ont décidé de planter du sorgho fourrager c’est pour « le valoriser deux fois ». « Seulement pour les activités pédagogiques, pour nous, cultiver cette céréale n’est pas rentable », soulève l’agricultrice. Ainsi, pour gagner en autonomie, faire des économies et fertiliser le sol, les animaux pâturent mes animaux dans le labyrinthe.

L’objectif de Lisa à terme : « Vivre de l’aspect pédagogique ». « Ça prend du temps mais j’adore ça, j’ai espoir que le bouche-à-oreille fonctionne, ajoute-t-elle. En tant qu’agriculteurs, on est souvent un peu isolé, ça apporte un peu de chaleur humaine d’avoir du monde qui vient à la ferme. »